Dans une lettre ferme et argumentée adressée au Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) a officiellement réagi aux injonctions gouvernementales visant à suspendre son congrès extraordinaire prévu le 6 juillet 2025. L’affaire, désormais au cœur du débat politique guinéen, soulève des questions majeures sur l’impartialité de l’État et le respect des libertés fondamentales des partis politiques.
Des injonctions contestées et jugées partiales
Dans sa réponse à la lettre n°0834/MATD/CAB/2025 du 27 juin 2025, l’UFDG accuse le MATD d’avoir émis des injonctions « fondées exclusivement sur la version d’un mouvement sans existence juridique », à savoir le Mouvement des Réformateurs de l’UFDG (MR-UFDG), sans avoir entendu la direction du parti concerné.
Le parti dénonce un « parti pris manifeste » et conteste la qualification de menace à l’ordre public utilisée par le ministère pour justifier la suspension du congrès. « Comment des irrégularités qualifiées de ‘présumées’ peuvent-elles conduire à une telle mesure extrême ? », s’interroge la direction de l’UFDG, évoquant une atteinte grave à la liberté d’association et de réunion, garanties par la législation guinéenne.
Une décision administrative jugée illégale
L’UFDG rappelle également que le jugement n°235 rendu le 23 mai 2025 par le Tribunal de Première Instance de Dixinn l’autorise explicitement à organiser son congrès. Ce jugement, précise le parti, n’a fait l’objet que d’un appel partiel sur la réintégration de M. Ousmane Gaoual Diallo, et non sur l’organisation du congrès, qui devient dès lors une décision juridiquement définitive.
Selon l’UFDG, l’intervention du ministre viole les articles 519 et suivants du Code de Procédure Civile, Économique et Administrative ainsi que les articles 640 et 641 du Code pénal relatifs à l’entrave à l’exécution d’un jugement. « Vous avez pris un acte administratif en contradiction directe avec une décision judiciaire en vigueur », dénonce la lettre.
La validité de la convocation du congrès réaffirmée
Sur le plan statutaire, la direction de l’UFDG défend la régularité de la convocation du congrès extraordinaire. Initialement prévu pour avril 2025, le congrès avait été suspendu par décision judiciaire, avant d’être relancé le 28 mai 2025, dans le respect des délais prévus par les statuts du parti. « Aucune irrégularité n’est à signaler », affirme la direction.
Un rappel au principe d’autonomie des partis politiques
Enfin, l’UFDG critique fermement l’injonction ministérielle d’engager un dialogue avec le MR-UFDG, y voyant une ingérence inacceptable dans la vie interne du parti. Le parti rappelle que les différends internes relèvent de ses textes fondateurs et, le cas échéant, de la compétence des juridictions, et non du pouvoir exécutif. « Le ministre n’a ni la légitimité, ni les prérogatives pour imposer un règlement politique interne », conclut la lettre.
Vers une crise institutionnelle ?
Cette nouvelle confrontation entre l’UFDG et l’exécutif relance le débat sur les rapports entre justice, administration et vie politique en Guinée. À quelques jours d’un congrès décisif pour l’avenir du principal parti d’opposition, l’intervention du gouvernement pourrait, selon plusieurs observateurs, exacerber les tensions politiques.


