Le discours du nouvel an du président de la transition, le général Mamadi Doumbouya fait réagir des acteurs politiques guinéens. Dans une interview accordée à notre rédaction le lendemain de l’adresse à la nation du chef de l’État, le premier responsable de la communication du PEDN a donné son avis.
Mohamed Cissé pense qu’il <<faut des actes forts de décrispation du clivage politiques.
Lisez l’intégralité de son interview avec Lamine Sylla:
D’entrée de jeu, comment réagissez vous globalement à l’adresse du général Mamadi Doumbouya aux guinéens mardi 31 décembre 2024 à l’occasion du nouvel an?
Nous avons suivi un discours de présentation de bilan et de projection sur l’avenir. Le discours pris par rapport à lui-même, on dirait que peut-être ça va changer. Pris par rapport aux discours antérieurs, l’on se demande en quoi le sort réservé à ce discours serait différent de ceux de 2021, 2022 et 2023 ?
Il faut des actes forts de décrispation et la meilleure façon de les poser est de se réconcilier avec les dispositions de la charte de la transition et les engagements de 2021 et de 2022.
Dans son discours d’hier, le général Mamadi Doumbouya a annoncé que 2025 sera une année électorale. Est-ce que cet autre engagement vous rassure?
Nous l’entendons bien mais les fondamentaux demeurent quant à la distinction claire entre compétiteur et arbitre. Par ailleurs, la question de dialogue se pose avec acuité. Tout ce qui a été retenu était fondé sur l’échéance décembre 2024, quelle entente pour les opérations à venir ? Nous gagnerons tous en tant que Peuple à éviter l’extrême sans compromission sur les valeurs humaines et démocratiques. Nous sommes fidèles à cette ligne au PE.D.N.
Beaucoup s’attendait qu’il blâme le CNT pour le retard dans l’élaboration de la nouvelle constitution. Il l’a plutôt félicité. Quelle analyse ?
C’est le chef de l’Etat qui parle dans ce discours et non un politique dans un parlement ou sur le ring politique. Bien que l’ancien régime ait habitué les guinéens à ce genre de théâtre inélégant cela reste loin d’être une règle institutionnelle.
En ce qui concerne l’efficacité du CNT sur l’avant projet de la constitution, il est clair qu’il n’a pas respecté aussi ses propres échéances. Il reste à savoir si l’annonce d’une consultation d’un Panel de constitutionnalistes nationaux, déjà suffisamment consulté, n’affectera pas davantage la projection ou si cette opération ne constituera pas un goulot d’étranglement.
Êtes vous prêts (les acteurs politiques) à accorder encore 12 mois au CNRD pour le retour à l’ordre constitutionnel ?
Il n’est plus question de délai supplémentaire à accorder ou de crédit. Le dialogue franc et sincère avec garantie de mise en œuvre des conclusions est nécessaire. Comment le reste de la transition sera géré dans le strict respect de la charte ? Voici la bonne question à poser. De toute façon, la phase nationale de notre Congrès se penchera davantage sur la question les 17 et 18 janvier 2025.
Dans son discours, le général Mamadi Doumbouya a annoncé que les activités politiques peuvent reprendre et que l’Etat prendra ses responsabilités en cas de « troubles à l’ordre public ». Comment vous appréciez cette communication ?
C’est la normalisation d’une situation exceptionnelle induite. Pourvu qu’on n’assiste pas à une confrontation sur le terrain entre les mouvements de soutien au CNRD ou Président de la transition portés par les commis de l’administration publique et les acteurs à qui la charte donne mandat de compétition politique. C’est une annonce certes appréciable mais à prendre avec beaucoup de réserve.
Le général Doumbouya laisse toujours le voile sur sa candidature. comment réagissez vous ?
On est d’accord que le doute ne prie pas et qu’il est utile d’épargner les citoyens d’une situation confuse. Le Président du PE.D.N SEM Lansana Kouyaté nous rappelle fréquemment qu’entre l’hésitation et la peur, qu’il faut préférer la peur car c’est elle qui pousse même un militaire au front à se battre pour la victoire. Mais l’hésitation expose inéluctablement à la perte sèche.
L’adresse à la nation du nouvel An 2025 était une belle occasion de remettre les choses dans leur ordre normal de la charte.