La 3ᵉ édition du colloque international sur la promotion de l’enseignement arabe a pris fin ce mardi 4 novembre 2025 à Conakry, après deux jours d’échanges intenses entre chercheurs, penseurs et arabophones venus des pays d’Afrique.
Cette rencontre scientifique, organisée par la chaire ICESCO de l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, a réuni de grandes figures de la langue arabe autour d’un objectif commun : redonner à l’enseignement arabe toute sa place dans le système éducatif africain et valoriser le riche patrimoine manuscrit du continent.

Au cours de la journée de clôture, plusieurs intervenants ont mis en lumière l’importance de la langue arabe dans la transcription des langues nationales africaines et dans la préservation des manuscrits ancestraux. Ces trésors historiques, véritables témoins de la pensée africaine, sont aujourd’hui menacés de disparition, faute d’une politique de sauvegarde efficace.
Les participants ont unanimement déploré la négligence de certaines autorités africaines, qui selon eux, accordent peu d’attention à cette dimension essentielle du patrimoine culturel et scientifique du continent.

Dans son intervention, Dr Abdourahamane Fadiga, directeur de la chaire ICESCO et initiateur du colloque, a tenu à remercier les délégations venues du monde entier avant de dénoncer la marginalisation de la langue arabe dans l’enseignement guinéen.
« Aucun responsable scientifique de haut niveau n’était présent à cette rencontre. Cela n’arrive qu’en Guinée, et c’est parce que c’est l’arabe », a-t-il regretté.
« Nous assumons d’être des arabisants et nous continuerons à défendre la langue arabe, une langue comme toutes les autres. » Il a également exprimé son espoir de voir les autorités éducatives et culturelles s’impliquer davantage pour corriger cette situation.

Prenant la parole au nom des délégations étrangères, Dr Sambi Khalil Magassouba a salué la fraternité entre la Guinée et le Mali, rappelant les liens historiques et culturels entre les deux pays.
« Ce colloque a ravivé la flamme de notre héritage commun, celui d’une Afrique de l’Ouest éclairée par la lumière du savoir et enracinée dans la tolérance et la paix. Comme le disait le président Ahmed Sékou Touré, “le Mali et la Guinée sont deux poumons dans un même corps”. »
Pour sa part, le professeur Himourana Kaba, doyen de la faculté des lettres et sciences du langage de l’Université Général Lansana Conté, a plaidé pour la création d’un centre national de documentation des manuscrits arabes.

« Les manuscrits arabes constituent un pan essentiel du patrimoine historique guinéen, mais ils sont négligés. Le Sénégal et le Mali les valorisent déjà, pourquoi pas la Guinée ? » a-t-il interrogé.
Il a invité les ministères de la Culture et de l’Enseignement supérieur à s’impliquer pour sauvegarder ces précieux héritages conservés notamment à Touba, Labé et Kankan.

La cérémonie s’est achevée par la remise de satisfecits à plusieurs participants guinéens et étrangers, suivie de prières et bénédictions formulées par les sages pour la paix, la cohésion et l’unité en Guinée, au Mali et dans toute l’Afrique.
Facinet Soumah


