Le 2 octobre 1958, à cette date, la Guinée venait de prendre fraîchement son indépendance après le <<NON>> au référendum du 28 septembre à la même année.
Mercredi 2 octobre 2024, les guinéens, mobilisés chacun dans son secteur, ont fait revivre cette date <<historique>> à travers les manifestations de joie et des analyses sur les sujets socio-politiques du pays.
Le SNE, syndical national de l’éducation, n’est pas resté en marge de la journée de ce mercredi. Pour Michel Pépé Balamou, le secrétaire général de la structure, il n’est pas question de <<falsifier l’histoire>> du mouvement syndical guinéen, pilier important de l’indépendance du pays.
Ceux qui se lancent dans ce sens malgré le contexte sociopolitique dégradant, doivent regarder << dans le miroir et se taisent>>,estime le syndicaliste qui met lumière sur le combat syndical en Guinée.
<<Aujourd’hui, le syndicalisme guinéen est entrain de battre de l’aile.
Il nous faut lui imprimer une nouvelle dynamique tout en lui donnant un souffle nouveau afin de lui permettre de regagner la confiance de la classe ouvrière mais aussi et surtout de regagner son statut et sa place de moteur de la dynamique sociale et de tous les changements en Guinée dans les années << 40>> , <<50>>, <<90>>, << 2006- 2007>>, >> a indiqué le premier responsable du SNE.
Et d’ajouter :
<<Il nous faut nous remettre en cause en respectant les statut et règlement qui régissent le fonctionnement régulier de nos institutions syndicales tout en mettant en exécution la 6 ème fonction du syndicat qui est la fonction de relève , proposée, défendue et obtenue par le mouvement syndical guinéen devant le bureau international du travail ( BIT) et l’organisation Internationale du Travail ( OIT) .
On ne peut pas vouloir d’une doctrine et renoncer à ses principes>>.
-L’école guinéenne après 66 ans d’indépendance
Le secrétaire général du SNE parle également du métier d’enseignant devenu un <<vulgaire citoyen>> dans un pays où l’éducation n’est de priorité que dans les discours des autorités.
<<Soixante six (66 ) après l’accession de notre pays à l’indépendance, notre système éducatif est de plus en plus dans un état d’évanescence,de déliquescence et de morbidité cérébrale indescriptible pour ne pas dire irréversible.
Le métier d’enseignant consideré jadis comme le plus beau metier du monde par sa noblesse, a perdu son charme et sa beauté. L’enseignant qui était consideré comme le militant d’honneur est aujourd’hui devenu un vulgaire citoyen et un militant de déshonneur réduit à sa plus petite expression et vivant dans une précarité infernale>>, a affirmé le syndicaliste Balamou qui continue:
<<Notre système éducatif est asphyxié et placé sous perfusion du fait de la double crise systémique qui le caractérise : la crise des apprentissages et le manque d’enseignants qui sont symptomatiques du manque d’attractivité , d’une politique éducative sans financement, , d’une politisation à outrance de l’administration scolaire , d’un manque de carrière et d’avancement au mérite et d’un manque de gestion axée sur les résultats>>.
Pour palier ce problème, Michel Pépé Balamou propose la décolonisation des programmes d’enseignement en Guinée. Et aussi:
<<-investir dans l’enseignant;
– élaborer une politique holistiique de la profession enseignante ;
– un statut particulier très incitatif et attractif ;
– un budget consistant ;
– des enseignants en quantité et en qualité ;
– un personnel administratif compétent et compétitif ;
– une gouvernance scolaire axée sur les résultats ;
– des programmes d’enseignement adaptés à nos réalités et au besoin du monde du travail;
– une éthique professionnelle axée sur la connaissance et la promotion des droits et devoirs des enseignants ;
– un dialogue social franc, sincère et permanent avec les partenaires sociaux et axé sur le respect et la considération mutuels>>.
Lamine Sylla