La volonté exprimée du CNRD à travers le premier ministre, Amadou Oury Bah, de rester au pouvoir au-delà du 31 décembre 2024, est très critiquée par des acteurs politiques guinéens.
Si tout marchait convenablement, notamment l’exécution des 10 points du chronogramme de la transition, le général Mamadi Doumbouya, au pouvoir depuis 5 septembre 2021, passerait la gestion du pays à un nouveau président, élu à l’issue des élections en cette année 2024.
Depuis quelques mois, ce rêve des acteurs politiques de competir pour la magistrature suprême en fin d’année a été brisé par Bah Oury, quelques semaines après sa nomination à la primature. Cela n’est resté sans conséquence: des voix s’élèvent de partout pour essayer de lutter contre le glissement du chronogramme de la transition, fixé à 24 mois entre les autorités guinéennes et la CEDEAO en 2022.
Au Bloc Libéral (BL), il n’est pas question de prolonger la transition. Par contre, si cela arrive, les guinéens en décideront ensemble pour <<tirer des leçons>>. C’est ce qu’a affirmé ce lundi 20 mai Ibrahima Mbemba Bah, Directeur chargé de la communication du Parti, dans une interview avec notre rédaction.
<<Effectivement nous avons constaté avec vous que M. Bah s’érige en véritable porte parole du CNRD au lieu de conduire l’action du gouvernement et d’œuvrer en faveur d’un retour à l’ordre constitutionnel conformément aux engagements pris avec la Cedeao. Le premier ministre demeure aujourd’hui un partisan voire un artisan de prolongation de la transition guinéenne. Pour nous, les choses sont claires. La transition en Guinée s’achève en 2024. Le Général Doumbouya l’a dit et a même répété solennellement qu’il ne fera pas un jour de plus au terme des délais convenus avec la Cédéao. C’est la parole d’un officier et au Bloc Libéral, nous nous en tenons à ça. Maintenant si autre chose vient après décembre 2024, les Guinéens devront ensemble en tirer les leçons et prendre les décisions qui s’imposent pour le bien de notre pays>>, a indiqué Ibrahima M’bemba Bah, chargé de communication du BLOC Libéral.
Qu’est-ce qui expliquerait ce changement de position de Bah Oury qui combattait avec ses pairs politiques avant sa nomination, contre le glissement du calendrier de la transition ?
<<C’est évident qu’avec le décret, sa position a évolué. Pourtant, il est l’un des témoins les plus importants de l’histoire politique de la Guinée durant ces 30 dernières années. Récemment en 2009, c’est la renonciation aux engagements de la junte de l’époque qui avait conduit aux massacres du 28 septembre dont le procès se déroule actuellement. Et M. Bah Oury y était. A mon sens, il devrait avoir la prudence et un peu de retenu dans ses agissements en tant que chef du gouvernement. Mais, vous savez l’histoire est têtue>> a fait savoir l’acteur politique qui poursuit:
<<le bloc libéral n’a jamais cessé de répéter sur la place publique que, lorsque des engagements sont pris, il faut les tenir sans quoi, la confiance sera rompue entre le peuple et ses dirigeants. Depuis juillet 2023, nous attendons le projet de la nouvelle constitution et jusqu’à présent rien. Le référendum est annoncé pour 2024 et pourtant aucune date n’a été retenue officiellement. Voilà des éléments sur lesquels le peuple de Guinée attend des réponses claires de la part des autorités actuelles>>, a t-il conclu.