Le numérique regorge un mystère méconnu par bon nombre de personnes.
Dans le domaine professionnel, son usage est plus que nécessaire pour l’accomplissement des tâches en ce XXIe siècle.
En Guinée, les réseaux sociaux influencent dans le bon ou mauvais sens, la vie de plusieurs personnes.
Pour comprendre ce monde prestigieux, nous avons interrogé Ousmane Sylla, administrateur réseau et développeur.
Dans son intervention dont nous vous proposons ci-dessous l’intégralité, il a fait d’abord un aperçu général sur le numérique.
Ensuite il a invité les autorités guinéennes à mettre les nouvelles technologies au cœur du développement du pays.
Lisez:
De quoi s’agit-il lorsqu’on parle des nouvelles technologies ?
Le terme « Nouvelles technologies » est employé pour faire référence aux récentes innovations, amélioration des technologies et méthodes existantes ainsi que les inventions technologiques dans plusieurs domaines dont entres autres l’informatique par exemple avec l’intelligence artificielle, transport avec les voitures autonomes, électronique avec les impressions 3D et 4D, bio-informatique (les bornes de Tulip industrie en Guinée), physique avec les Lasers, etc.
En quoi les outils du numérique apportent-ils un plus à la vie d’une personne ?
Je dirais en gros un gain de temps et d’énergie.
Le numérique, communément appelé le TIC, met à notre disposition, de nombreux outils qui ont un impact considérable sur divers aspects de notre vie comme :
• Education en ligne : les plateformes de formations en ligne comme beekaranta.com, coursera, Udemy, Openclassromms, offrent des cours et des ressources éducatives accessibles à tous de façon gratuite et à des prix très abordables.
Cela vous permet de monter en compétence tout en restant dans votre confort.
• Nos interactions sociales : Avec nos occupations, nous avons rarement de temps, même en weekend de rendre visite à nos amis et parents.
Cependant, grâce aux médias/réseaux sociaux (Facebook, Instagram) et des logiciels de messagerie (WhatsApp, Messenger), nous sommes plus proches d’eux que jamais. Nous partageons des bons moments avec nos amis et familles.
Ces outils nous permettent de développer et maintenir nos commerces, marketing et connections.
• Commerce en ligne : Qui n’a jamais eu envi de commander une Pizza parce que ses amis sont venus lui rendre visite ? un produit qu’il ne peut pas trouver localement ?
Vous restez chez vous et on vous le livre directement à la maison. N’est-ce pas un gain de temps et d’énergie ?
Les plateformes de vente en ligne nous offrent des produits et services en ligne sans avoir à se déplacer.
• Télétravail ou travail à distance : Les gens sont beaucoup plus productifs quand ils travaillent à distance. Cela leur permet de se concentrer sur leurs tâches respectives plutôt que de passer des heures à discuter inutilement.
Les outils de travail à distance comme Sage cloud pour votre comptabilité, Slack un outil puissant de communication en entreprise, Zoom pour les conférences, Trello pour la gestion et l’organisation des tâches, Zoom/MS Teams pour les réunions ont permis à des entreprises, pendant le Covid-19, de continuer à tourner.
Être collé durant une bonne partie de son temps aux réseaux sociaux peut-il impacter négativement le développement socio-professionnel d’un individu ?
Ça dépend de qui vous êtes et de ce que vous cherchez dans vos relations sociales et professionnelles. Les gens ne perçoivent pas la société de la même manière. Certains n’ont pas besoin d’interactions physiques, ou du moins, tous les temps, mais virtuelles. Un simple appel vidéo leur suffit largement pour être avec les autres.
Cependant, les gens ont pris l’habitude d’expliquer leurs problèmes aux outils d’intelligence artificielle intégrés dans des réseaux sociaux, IA de Snapchat par exemple, nous rapproche de plus. Ce qui fait qu’ils sont plus proches des Machines qu’à jamais. Ils sont satisfaits des résultats et cela ne semble pas les déranger.
Par ailleurs, les machines ne peuvent jamais remplacer les humains. Ce sont avec nos interactions physiques que nous créons des liens. Une machine ne peut pas te faire un câlin ni un bisou, et les réseaux ne devraient juste servir qu’à immortaliser et partager les moments que nous partageons ensembles.
Oui, N’être collé qu’aux réseaux sociaux peut affecter nos relations socioprofessionnelles.
Monsieur Sylla, souvent, certaines personnes ont du mal à comprendre le monde du numérique. Quelles explications avez-vous à leur donner pour une compréhension plus large de ce domaine, devenu nécessaire pour la vie socio-professionnelle?
Le premier point, peut être le primordial. Ce qu’il faut garder en tête, est qu’il faut d’abord aimer le numérique et être disposé à sacrifier ton temps pour lui.
J’ai vu des personnes réussir dans ce domaine à cause de leurs passions et courages. Et d’autres n’ont jamais su se faire une place. Tout dépend de votre motivation et le nombre de temps que vous avez à sacrifier, même si chaque domaine a ses réalités.
C’est un domaine où tout est devenu comme une résolution de problème de mathématiques. Mais ne me confondez pas, je n’ai pas dit qu’il faut être mathématicien. Vous n’avez juste besoin que d’une intelligence logique, critique, beaucoup de courage et avoir un sens de détail. Et n’acceptez pas qu’on vous dise que c’est réservé seulement aux mathématiciens.
Il y’a des comptables qui sont devenus des Data scientistes, des philosophes devenus des experts en Cybersécurité.
Il y’a plus de conversion en informatique que tout autre domaine. C’est le domaine où il n’y a quasiment pas de retraite.
Les initiatives dans le domaine du numérique sont-elles soutenues par les autorités guinéennes ?
Je n’ai pas encore eu à présenter un projet au gouvernement. Mais si, j’entends des gens dire qu’ils n’ont jamais eu d’accompagnement pour pousser leurs projets.
Si nous constatons les faits, on peut conclure que c’est le cas. Prenez Tulip Industrie de Mountaga Keita. Personnellement, j’ai connu Mountaga sur RTI. C’est dommage. Car, on parle peut de lui dans le pays alors qu’il propose pleine de solution dans le domaine de la santé.
Aujourd’hui le gouvernement est en train de lutter afin de régulariser le secteur de la pharmacie, mais il aurait pu éviter ce problème, s’il avait encouragé le projet de Tulip sur les bornes qui, en gros, pouvaient encrypter les ordonnances et ce n’était qu’à la pharmacie que vous pouviez les décrypter.
Le projet pouvait contribuer à empêcher la vente des produits contrefaits.
Vous n’êtes pas sans savoir que les outils du numérique, non seulement, ils facilitent et réduisent le temps de travail mais diminuent la corruption.
Imaginer un système de gestion d’hôpital comme au Ghana où les frais de consultations sont payés dans une banque présente à l’hôpital et le reçu enregistré dans le système par un service sur place qui vous remet un ticket et vous redirige vers le service spécialisé. Cela permet de canaliser les entrées d’argent, avoir une base de données nationales.
Ainsi, on pourra traquer le dossier médical d’un malade sur toute l’étendue du territoire.
« On n’a de l’argent mais, nos entrées ne sont pas canalisées ou ne profitent qu’a un groupe de minorité »
En parlant de projet et si on n’y réfléchit, Je ne peux pas croire que ces différents projets n’ont pas encore été proposés :
La numérisation du système éducatif universitaire où tout est géré dans l’ordinateur même les évaluations. Moi j’essaye de mettre sur pied une plate-forme de e-learning qui s’appelle BeeKaranta (beekaranta.com) afin d’apporter mon soutien à tous ces étudiants et apprenants qui souhaitent avancer dans ce domaine.
un projet de surveillance de circulation. Les usagers de la route ne respectent pas les feux de circulation 🚦, mais avec des caméras de reconnaissance de plaques d’immatriculation, ces auteurs pourront être signalés.
Nous avons un système pour l’hôpital Donka, pourquoi ne pas l’étendre sur toute la capitale et tout le pays. Je pense que les autorités ne font pas assez de progrès à ce niveau.
Les IA (l’intelligence artificielle) sont en train de dominer le monde, comme le Cloud Computing, il y’a un moment. Mais jusqu’à présent, nos autorités n’ont toujours pas inséré ce domaine dans nos programmes (Data science, Machine Learning, Deep learning,etc). Je propose à cet effet, d’envoyer ces domaines à ceux qui font les Mathématiques pures et statistiques (Kindia, Kankan, etc). Après les 2 où 3 ans de formation, qu’ils fassent 2 ans de plus. Sinon, ils sont presque tous en train de chômer.
On a du mal à se positionner, parce que, nous sommes en compétition avec des gens qui ont commencé les sciences informatiques depuis presqu’au collège, pourquoi ne pas prendre cela au sérieux et initier les enfants très tôt à la programmation ?
Peut-être votre mot de la fin. (Conseil aux utilisateurs des réseaux sociaux et le rôle de l’Etat) dans la vulgarisation du numérique en Guinée.
Mon conseil pour les utilisateurs des réseaux sociaux est qu’il faut utiliser les réseaux à bon échéant. Il n’y a pas que des futilités sur les réseaux. Vous pouvez aussi vous faire de l’argent à travers les médias sociaux.
Éviter de monter les uns contre les autres, utiliser plutôt les réseaux pour renforcer les liens en mettant en avant ce que nous avons de beau. Promouvoir nos valeurs et cultures à travers nos tissus traditionnels.
Changer les mentalités n’est pas chose facile et ça prend du temps. La part de l’Etat ne devrait pas consister à couper ces réseaux. Mais à sensibiliser. Et au pire des cas, essayer de filtrer les contenus.
C’est une interview réalisée par Lamine Sylla pour Lejeune224.com.
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