Le chemin de Nicaragua est le nouveau trajet qu’empreintent des jeunes africains en général et ceux guinéens en particulier pour accéder aux États-Unis.
Une nouvelle route qui détourne la quasi-totalité, du chemin de l’Europe au profit du continent américain. Pour l’heure, elle reste << très convoitée>>, malgré les difficultés que ces jeunes y rencontrent par endroit au cours de leur cheminement.
Le réseau est bien implanté dans la capitale guinnéenne ( Conakry). Présentement, il suffit d’avoir 90 millons pour être pris en charge par les agences de voyage qui y sont impliquées.
<<Actuellement, les gens entrent facilement à travers le chemin de Nicaragua qui est un pays de transit pour les candidats. J’ai envoyé plusieurs personnes qui sont déjà en Amérique. Même si tu n’as pas une connaissance là-bas, tu peux entrer sans problème>>, nous a dit saidou Barry, propriétaire une agence de voyage pour la circonstance.
Cela ne suffit pas pour convaincre Souleymane Bereté, coach en développement personnel.
<<Moi personnellement, je trouve que c’est triste de voir que notre jeunesse, nos bras valides, empreintent ce chemin pour pouvoir arriver aux États-Unis avec tous les calvaires du monde>>, déplore t-il pour un pays <<qualifié de scandale agricole, de scandale minier et de scandale géographique>>, dans une interview qu’il nous a accordée le samedi 2 décembre 2023.
Pourtant, certains jeunes interrogés par notre rédaction qui se livrent à cette pratique, disent perdre tout espoir pour réussir en Guinée. Ce qui n’est pas forcément vrai aux yeux de coach Bereté.
<<moi même, au début je disais qu’il n’y a pas de travail en Guinée. Mais, il est arrivé un temps, quand j’ai commencé à mettre un pied dans l’entrepreunariat, j’ai compris que ce n’était pas le travail qui manque mais, c’est la connaissance qui manque à une grande partie de la jeunesse guinéenne actuellement qui ont du mal à comprendre le monde dans lequel ils vivent. Et à savoir où se trouvent les opportunités. Parce que, les connaissances qu’on leur donne sont archaïques basées sur des contenus vétustes. Je me pose la question, comment un jeune qui a du mal à s’intégrer économiquement dans son pays, pourrait s’introduire facilement aux États-Unis où le système éducatif est mille fois en avance? Il te faut de dizaine ou de quinzaine d’années. Tout cela, constitue une perte de temps. >>
En travaillant sur ce sujet, nous avons contacté un jeune migrant dont nous préservons l’identité qui a réussi son pari, il y a une semaine. Et ce, après des <<nuits blanches>> en route notamment au Mexique. Il explique son odyssée.
<<Ça n’a pas été facile mais, on a réussi quand même. Les américains nous ont très bien accueillis. Quand on est venu d’abord, ils nous ont mis dans une grande salle où il y a pratiquement toute sorte de sport. Tout le problème qu’on a rencontré, c’était au Mexique. Ils dépouillent des gens pour prendre leurs biens. Là-bas, il faut être homme pour traverser.>>
– Analyse politique de la situation
Le président de l’union des démocrates et de renaissance de la Guinée (UDRG) que nous avons interrogé, le mercredi 13 décembre, regrette ce voyage massif des jeunes guinéens.
<<Cette situation n’est pas du tout positive pour la Guinée et pour tous les Etats africains. Ça, c’est un indice qui montre qu’il y a une situation alarmante dans nos pays>>, a mentionné Bah Oury pour qui d’ailleurs le bilan économique des dernières décennies de la Guinée n’est pas positif du fait de <<la mauvaise gouvernance et de la mauvaise orientation du pouvoir public.>> D’où, la part de responsabilité, selon lui, des décideurs, à tous les niveaux dans la <<fuite des bras valides>> du pays vers l’étranger.
– Solution à préconiser
En terme de solution, elle se situe à plusieurs niveaux: D’abord, <<il faudrait que dans la pratique du pouvoir, les gens sentent qu’il y a l’amélioration. Une réorientation des investissements publics dans les secteurs créatifs de richesses comme l’agriculture et l’éducation>>, dira Bah Oury.
Une proposition qui se marie avec celle de Coach Souleymane Bereté qui préconise à son tour<<des initiatives étatiques, personnelles, institutionnelles mais surtout, sociales>>, pour pouvoir stopper cette vaque immigratoire des jeunes guinéens dans les pays qu’ils qualifient de l’eldorado.
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Crédit photo AGP